La dionée spotty est une dionée tachetée de rouge. Cette plante est apparut parmis un semis durant l'année 2006.
Il semblerait que lors d'une bouture de feuille, certaines plantules issuent de la bouture ne presentent pas les taches. Par contre quand la plante se divise spontanément au niveau du bourgeon somital et des bourgeons lattéraux, les plantes gardent les taches.
La dionéeSpotty ets donc apparut au milieux d'un semis de dionée classique qui au hasard de mutations naturelles c'est retrouvée avec un site d'insertion d'un transposon quelconque dans une séquence régulatrice de la voie de biosynthèse des anthocyanes responsables de la couleur rouge des tissus des dionées. Et selon l'activité de ce transposon, on pourra avoir désactivation des répresseurs de l'expression du rouge donc expression du rouge dans ces tissus. il ne faut pas considérer celà comme une mutation touchant l'ensemble de l'organisme, sinon une mutation qui peut toucher une cellule et pas ses voisines .
Le transposon peut inactiver le gène de l'anthocyanine (enfin plutôt un de ses gènes si on veut être plus rigoureux) dans une cellule, ne pas inactiver dans un autre groupe de cellules, inactiver dans un 3e groupe, et ainsi de suite aboutissant à un pattern d'inactivation comme on le voit sur les photos.
Dans chaque lignées cellulaires différentes de cette plante on aura ou non activation du rouge ce qui peut donner des 'spots' de rouge comme ça...
C'est d'ailleurs en étudiant des maïs ayant des aspects bizarres avec des spots comme ça que Barbara Mc Clintock à découvert les transposons dans les années
1940, ce qui lui à valu le prix nobel
1983, et oui, il aura fallu près de 40 ans à la communauté scientifique à comprendre le travail de cette chercheuse et a admettre l'existence des transposons, ces petits bouts de nos génomes qui font n'importe quoi sans qu'on sache réellement à quoi ils servent (a moins que ce ne soit des réminiscences de rétrovirus)...
De tels caractères peuvent aussi être dus a de mutations dans le génome cytoplasmique... Une mutation permettant une plus grande expression des anthocyanes peut avoir lieu dans un chloroplaste ou dans une mitochondrie et comme leur multiplication et leur ségrégation lors de la division cellulaire se fait un petit peu au hasard (ou du moins on ne sais pas trop comment), on peux se retrouver avec des lignées cellulaires avec plein de mitochondries ou de chloroplastes faisant exprimer la couleur rouge ou des lignées tout a fait normales...
C'est souvent un phénomène de ce genre qui est a l'origine des plantes aux feuillages panachés, qui ont une proportion notable de chloroplastes non fonctionnels dans leurs cellules méristématiques et qui du coup donnent régulièrement des lignées cellulaires dépourvues de chloroplastes fonctionnels ce qui crée les panachures jaunes ou blanches (en fonction du niveau d'expression des caroténoïdes dans les cellules).
C'est d'ailleurs pour ça que les plantes a feuillages panachés ne sont pas toujours stables, des fois elles perdent le caractère panaché si tous les chloroplastes non fonctionnels sont évacués du méristème ou alors produisent des tiges toutes blanches par le phénomène inverse et ces tiges toutes blanches vont créer un fardeau énergétique pour la plante...
La mutation est acquise pour toutes les cellules descendant de la cellule mutée, et comme chez les végétaux on n'a pas de différenciation des lignées cellulaires germinales (qui donneront les gamètes) des lignées somatiques (qui constituent la partie de l'organisme qui ne produiront pas les gamètes), c'est pas facile de dire... Certaines mutations (d'ailleurs a priori toutes mais avec des probabilités plus ou moins fortes) sont réversibles par différents mécanismes mais là c'est un autre débat...
Pour ce qui est de l'extension spatiale tout dépends de la cellule qui a subi la mutation. Si c'est une cellule au milieu d'une feuille, seule cette cellule sera mutée. Si c'est une cellule du méristème, toutes les cellules descendant de cette cellule auront la mutation, dans ce cas, plusieurs solutions, cette cellule et ses descendantes disparaissent du méristème, alors seule une partie fixe de la plante aura l'anomalie. Autre cas, les cellules mutées cohabitent dans le méristème avec des cellules non mutés, alors on aura une forme panachée (qu'on peut aussi qualifier de chimérique). Troisième cas, la descendance de la cellule mutée prends le dessus dans le méristème et tous les tissus mis en place par ce méristème porteront la mutation.
L'éviction des possibilités de viroses ne peut pas se faire sur le constat de la non conservation de la forme par bouturage
de feuille.
Lors du bouturage de feuilles, on a dé-différentiation de cellules de la feuilles qui vont reconstituer un nouveau méristème, souvent il ne s'agit que de très peu de cellules homogènes au niveau génétique (et souvent en charge virale aussi), ce qui donnera un méristème homogène lui aussi, d'où la perte du caractère panaché.
Le fait que ce caractère ne se reproduise que par division vient du fait qu'il faille garder un méristème panaché, ce qui se produit souvent quand un méristème se divise de lui-même en deux.
Un peu comme lorsque pour garder le caractère panaché d'une plante par la bouture il faut obligatoirement bouturer
une tige panachée...
Merci à Ferréol pour ses precieuses explications.
Photos de Simone RUEZ:
Photo de Melly:
Photos de guillaume
Chez Ju!