Quelques explications et photos du Salar d'Uyuni en Bolivie

Salut à tous !


Je suis de retour en France et pour fêter ça j'ai écrit un petit article sur le Salar d'Uyuni que voici :


Ces deux derniers mois, j’étais basé en Bolivie dans la ville de La Paz afin d’étudier l’écologie et les plantes du Salar d’Uyuni. Même si cet écosystème est unique en son genre, aucune étude scientifique dans les domaines de l’écologie ou de la biologie/botanique n’y a été conduite jusqu’à présent. Nous commençons à peine à entrevoir la grande diversité végétale présente dans ce milieu qui peut pourtant paraître relativement incompatible avec la vie.
En effet, le substrat est plus ou moins salé en fonction de sa proximité avec la croûte de sel, la pluviosité est inférieur à 200mm par an et est répartie entre Décembre et Février uniquement (saison des pluies) ce qui en fait une zone dite « désertique » (source : Weatherbase), l’altitude de 3655m et la sécheresse générale engendrent des températures exceptionnelles qui peuvent culminer à presque 40°C le jour et -30°C la nuit (source : Weatherbase), enfin, comme si ce n’était pas assez, les indices UV sont tellement élevés qu’ils dépassent largement l’échelle qui s’étalonne de 1 à 11 en allant jusqu’à 14 ou 15 sans problème (en comparaison, on dépasse rarement les 6-7 en France au milieu de l’été dans les zones les plus ensoleillées).
Cette diversité incroyable et méconnue est malheureusement menacée. En effet, les plantes étudiées se retrouvent sur des îles perdues au milieu du Salar (voir image 3) et avec le réchauffement climatique, elles ne peuvent pas migrer en altitude ou en latitude pour compenser la hausse des températures et sont donc vouer à disparaître de ces îles. De plus, le Salar d’Uyuni étant le plus grand salar du monde, il regroupe la majorité des réserves de lithium du « triangle du lithium » estimée à 70% des réserves mondiales, et son exploitation pourrait avoir des effets désastreux sur la biodiversité.

 

Le Salar d’Uyuni, localisation, histoire et écologie

On trouve ce salar dans le Sud-Ouest de la Bolivie, au centre de l’altiplano bolivien. Avec ses dimensions incroyables, 150km de large, 100km de long pour une superficie d’environ 10 600km², il est grand comme deux départements français (plus que la Corse) et peut donc être vue de l’espace (voir image 1).


Image 1 – Situation du Salar d’Uyuni en Bolivie.


Image 2 – Le Salar d’Uyuni.



Comme nous l’avons dit, au milieu du salar se trouvent de nombreuses îles de taille variée (quelques mètres carré à plus d’1km, voir images 3 et 4). On estime sa formation à environ 10 000ans. Il était alors un très grand lac reliant le Lago Poopo et même le Lago Titikaka ! Son assèchement, dû à un réchauffement climatique il y a environ 20 000ans, a laissé une croûte de sel composée de différentes phases dont la profondeur atteint 120m par endroit.




Image 3 – Les îles du secteur Sud du Salar d’Uyuni.


Image 4 – L’île Pescado (au centre) et ses petites îles satellites (au-dessus et dessous).



Selon les premiers résultats de nos études, la richesse spécifique est différente en fonction des îles. Comme l’avaient déjà théorisés McArthur & Wilson en 1963-1967, nous avons remarqué que plus les îles sont grandes, plus il y a d’espèces différentes, de même, plus l’île est isolée et loin du bord, moins nous trouverons d’espèces différentes. De plus, nous avons remarqué que la richesse spécifique était corrélé à l’altitude des îles qui peut être un bon proxy de la diversité d’habitats. Enfin, nous avons remarqué que les plantes étaient différentes si l’on se trouvait sur les bords ou sur les îles et si l’on se trouvait dans le secteur Nord ou Sud du Salar.

 

Image 5 – Le volcan Tunupa (ou Mama Tunupa en Aymara) qui domine le Salar.


Image 6 – Le Salar est si vaste que l’on n’en voit pas la fin.


Image 7 – Les caractéristiques hexagones de sel.



 

Les plantes du Salar d’Uyuni

La très grande majorité des plantes que l’on trouve sur les îles du salar possèdent des épines et sont très odorantes. Ces deux caractéristiques sont des techniques classiques de défense pour ne pas se faire consommer par des herbivores comme les Viscachas ou les Vigognes (voir photo 8). En effet, le manque d’eau contraint les plantes qui ne peuvent pas produire beaucoup de feuilles. Ainsi, chaque feuille « coûte » très cher à la plante, et pour ne pas gâcher un tel investissement d’eau et de minéraux, elle les protège en les rendant très odorantes (répulsifs à herbivores) et/ou en les couronnant d’épines (photos 9 et 10).


Image 8 – Des Vigognes traversent le Salar en quête de nourriture sur une île.





Images 9 et 10 : Le Trichocereus pasacana et ses longues épines.



 
Enfin, voici quelques photos des plantes trouvées sur ces îles.



 
Adesmia polyphylla




Astragalus asplundii




Cumulopuntia boliviana




Echinopsis ferox



Ephedra breana




Haplopappus rigidus



Le coup de cœur : Hoffmannseggia minor






Junellia seriphioides




Liliaceae inconnue



Lophopappus cuneatus




Melinia parviflora



Sarcocornia pulvinata



Suaeda foliosa



Trichocereus hybride ?




Trichocereus pasacana



Tunilla soehrensii



Quelques cactus mutés pour finir


 
 





Une petite vidéo pour finir à regarder en HD (ouai ok la musique bolivienne était pas nécessaire mais c'est pour s'immerger ahah et le mode stabilisation de Youtube m'a un peu foiré certains plans mais bon...)











@+ !

Magnifique! C'est très épineux par la bas Le Trichocereus pasacana est vachement impressionnant.

Quel coin magnifique

Bel article mais je n'ai pas les photos 1, 2, 9 et 10

Les photos sont visible pourtant.

Ok, je les vois toutes maintenant...

Wahou, très intéressant et magnifiques clichés !
Si seulement j'avais su tout ça avant :p
En cours d'Ecologie Tropicale, on devait monter un projet d'étude théorique et mon groupe et moi-même avions choisi le désert d'Atacama. Du coup on s'est focalisé sur le cactus Echinopsis atacamensis, car on a, en effet, eu du mal a trouver des infos "fiables" sur cette région

Merci du partage, en tout cas !

Super article, très intéressant comme à chaque fois.
C'est dingue de remarquer à quel point les plantes là-bas sont à grande majorité crassulescentes. Et quand on se rend compte des caractéristiques extrêmes que présente ce milieu, on se dit qu'après tout, si une autre planète propose des conditions de vie similaires, quelque chose peut définitivement bien y pousser.

Comment se nomme la plante à 1:46 sur la vidéo ? Si vous l'avez identifiée
Vous vous êtes bien lâchés sur les photos (fin de la vidéo), ça rend bien, les effets de perspective ! ^^

Merci à tous, c'est un site d'étude assez incroyable, je suis tombé amoureux dés le premier jour (pas de carni en revanche humm..). Mon plan serait d'effectuer ma thèse là-bas ...


@Petit-fleur : J'ai pas mal d'articles sur l'Echinopsis atacamensis (= Trichocereus pasacana) si jamais tu en veux. On les étudie aussi car on a remarqué qu'il n'y a que cette espèce qui pousse sur les îles du salar alors que sur les bords on trouve majoritairement l'espèce aux fleurs rouges Trichocereus tarijensis, et on sait pas encore pourquoi (pollinisateur absent, conditions abiotiques différentes, disperseur différent/absent etc. ?). Pour la plante c'est Caiophora chuquitensis, une vraie beauté comme tout le genre Caiophora !

@Kiwano : c'est exactement ce qu'on s'est dit aussi, ces plantes pourraient pousser sur Mars 

Tien, c'est intéressant comme répartition
Merci pour le nom, c'est vrai qu'elle est jolie !

Dire qu'à quelques jets de pierres (d'un lanceur vraiment méchamment efficace) se trouve une des forets les plus riche en espèces... La nature est follement admirable ^^

Superbe  

superbe !
merci pour toutes ces explications !

magnifique, clair, instructif tout pour plaire...

félicitations.

J'ose pas imaginer l'age de certains 'chandellier' et autres cactus.

A+
fab

Il semblerait qu'ils soient très vieux, de l'ordre de 200ans au moment de l'apparition des premières ramifications jusqu'à plusieurs milliers d'années pour les plus grands !